Recherche, règlementation et lobbys
Nous pouvons nous demander si la recherche scientifique sur les armes biologiques et chimiques est-elle vraiment parvenue à “légitimer” la mort à grande échelle, car même si ces armes redoutées par les populations ont été et sont toujours utilisées lors de conflits ou d’attentats, elles sont également condamnées moralement et juridiquement, et ce, depuis l'antiquité. Elles sont perçues comme contraires aux lois de la guerre, ce qui explique que les autorités politiques ordonnent le plus souvent au XVIIIe siècle d’abandonner les projets militaires et les expériences sur les armes chimiques.
Après la Seconde Guerre Mondiale, les armes biologiques et chimiques ont été catégorisées comme des armes de destruction massives, rejoignant ainsi l’arme atomique et formant la catégorie NBCR (nucléaires, biologiques, chimiques, radiologique). De même, après les expériences menées sur les humains à grande échelle, l’Organisation des Nations Unis a donc mis en place diverses conventions pour limiter l’utilisation de ces armes, jugées trop dangereuses et inhumaines. Le Traité Multilatéral interdisant "l'emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires, ainsi que de tous liquides, matières ou procédés analogues, et de moyens de guerre bactériologiques" est signé le 17 juin 1925. Il n'interdit toutefois pas la mise au point ni la possession de produits chimiques toxiques et d'armes, ni leur utilisation dans des situations autres que de guerre...
En 1972, la convention sur les armes biologiques ou à toxines (CIABT) interdira la mise-au-point, la fabrication et le stockage d’armes biologiques. La même année s'opère la négociation sur la destruction des stocks de ces armes.
La CIAC (convention internationale sur les armes chimiques), signé à Paris en 1993, vise la destruction complète des armes biologiques et chimiques et veille à la non re-fabrication de celle-ci.
Seulement, la recherche scientifique est la plupart du temps publique (gouvernementale) et les pays qui n’ont pas signé ou ratifié ces conventions n’ont pas d’obligation de non-utilisation de ces armes. Des États en guerre peuvent développer de même la recherche désormais interdite sur les armes Biologiques et Chimiques. Ils peuvent alors faire appel à leurs laboratoires, s’il en possèdent. Ceux ci sont des Laboratoires de chimie (ou sociétés publiques) ou bien des Laboratoires de types P4, qui peuvent étudier et posséder des souches d'agents hautement pathogènes pour les développer, et donc de les utiliser. Seulement, il n'y en a que très peu dans le monde. Le risque d’utilisation non contrôlée et la facilité de production de ces armes de même que le manque de moyens (de développement et/ou de production) augmente les probabilités d'utilisation de l'économie souterraine par ces Etats.
En revanche, la recherche peut devenir privée et être utilisée à des fins malintentionnées : si ces armes se retrouvent aux mains d’organisations non-étatiques, le risque d’attentat ou même de guerres augmente.
De leur côté, les grandes firmes privées spécialistes dans la production et la vente de produits chimiques dangereux (pouvant evidemment servir d'armes de destruction massive), ainsi que des laboratoires privés, peuvent faire pression sur les gouvernements...
Finalement, on peut dire que dans l’ensemble, la recherche sur ces armes ne peut entrer dans le cadre de l’éthique, car elle ne légitime pas le fait de tuer et surtout à grande échelle et de façon industrielle. Toutefois, elle permet de faire avancer la science, par exemple la médecine (chirurgie, vaccins, etc.) mais aussi, servir de moyen dissuasion pour éviter les conflits.
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