Les agents suffocants
Les agents suffocants, le plus souvent des gaz ou des liquides volatils, attaquent les poumons en perturbant les échanges respiratoires puis conduisent à l’asphyxie lorsqu'ils sont inhalés:
Au moment d’une intoxication, les muqueuses des poumons se remplissent progressivement de liquide provenant de la circulation du sang. Il n’y a plus d’échanges gazeux et l’oxygène qui ne passe plus dans le sang disparaît progressivement ; la victime bleuit et meurt par asphyxie.
Les premiers symptômes après l’action du toxique sont la sensation d’arrêt respiratoire soudain puis une sensation d’écrasement de la gorge et du thorax, accompagnée d’une immense faiblesse. Survient ensuite une toux déchirante et spasmodique.
Les suffocants les plus courants sont le chlore, la chloropicrine et le phosgène.
Affiche pédagogique militaire alertant les soldats sur les risques de gaz de combat ainsi que le nom des principaux qui peuvent être utilisés.
Le dichlore ou simplement chlore (également appelé Betholithe pendant la Première Guerre Mondiale) a pour formule chimique Cl2 . Inventé le 22 avril 1915 dans les Flandres, en Allemagne, c’est l'agent suffoquant le moins toxique (selon la constante de Haber) utilisé lors de cette Guerre mondiale : les Allemands ont d’ailleurs d’abord utilisé le chlore, car il constituait un déchet industriel dont ils disposaient en quantité, à très faible coût. Il est facile à fabriquer :
En milieu ouvert, il forme des nuages denses et stagne alors dans les cavités et les dépressions du terrain. Il réagit ensuite avec l’eau pour former des espèces corrosives telles que l’acide chlorhydrique (H-Cl) qui va ronger les muqueuses du nez, de la bouche et des bronches. Les vapeurs du dichlore provoquent des saignements de nez, on tousse du sang, des oedèmes pulmonaires mortels, après avoir beaucoup souffert de brûlure et de suffocation. Bien sûr, les multiples lésions créées par le chlore peuvent aussi être le siège d’infections variées… Il n’y a pas d’antidote. La prise en charge est symptomatique, en fonction de la gravité de l’intoxication.
Le Phosgène (aussi Chlorure de carbonyle et appelé Collongite en France pendant la guerre), est un gaz de formule CCl2O suffocant et lacrymogène incolore, très volatile, dont l’odeur peu perceptible rappelle vaguement le foin moisi. Découvert par Davy en 1812 (lors de l'action du chlore sur le monoxyde de carbone en présence de lumière, d'où son nom), Il est utilisé dans l'industrie pour la préparation des isocyanates (ions de formule NCO) et de colorants.
C’est une arme chimique beaucoup plus toxique que le dichlore et plus insidieux, donc plus redoutable de tous les agents suffocants. De plus, c’est le plus puissant d’après la constante de Haber. Les symptômes de l’intoxication n’apparaissent que plusieurs heures après l’exposition et mènent généralement à la mort.
Très réactif, il est extrêmement toxique par inhalation, et donc a été employé comme gaz de combat pendant la première Guerre Mondiale. Cependant, il ne possède pas de propriétés irritantes.
Affiche de l’US Army : “Phosgène, sent le foin moisi - ou le ...vert - Irrite les poumons - Cause des étourdissements - Gaz incolore”
La Chloropicrine, de formule CCl3NO2, (Aquinite, Nitrochloroforme), est utilisée dans l’agriculture comme pesticide et comme arme chimique. Liquide huileux et quasi incolore à odeur piquante forte, il est dérivé du chloroforme et appartient à la famille des aliphatiques et produit des vapeurs lourdes.
Corrosif, ce gaz possède un puissant pouvoir lacrymogène et des propriétés proches du phosgène.
A faible concentration, ses effets sont accompagnés de violents vomissements, des étourdissements, une envie de s’endormir, un état dépressif mais également la cécité et à long terme, des effets cancérogènes. Si la concentration est forte, la mort survient immédiatement.
En effet, elle est très lipophile et les voies d’intoxication peuvent être à la fois respiratoires et transcutanées. Pour s’en protéger, il faut porter non seulement un masque à gaz mais aussi un appareil de protection de la peau.
AAffiche de l'US Army : "Chloropicrine : sent le papier tue-mouche - fait tousser, vomir, endort, lacrymogène, provoque une sensation de chaleur"
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