Histoire, contexte et caractéristiques
L'usage des armes biologiques est très ancien. En effet, pour en retrouver les premières utilisations, il faut remonter à l'Antiquité !
Autant pour la guerre que pour les attaques civiles, celles-ci ont prouvé leur efficacité.
Les flèches étaient trempées dans du sang de malades ou frottées contre des animaux ou plantes toxiques ; les boissons empoisonnées (comme par exemple le vin mélangé à du sang de lépreux). Les corps ou vêtements de victimes infectées étaient, eux, propulsés dans les villes assiégées ou les armées employaient des stratégies pour amener l’ennemi à sa perte. En effet, en l'an 1350 av. J.C., au Moyen-Orient, les Hittites laissent volontairement dans leurs villages pillés des moutons contaminés par la Tularémie, contre les Arzawas. Il s’agit alors du premier usage connu jusqu’à ce jour d’arme biologique.
Ce type d’arme va être utilisé sur tous les continents, à toutes les époques pour changer le cours des guerres. Elles sont tellement redoutées qu'elles vont influencer des sociétés entières, comme la peste, qui a fait des ravages au Moyen-Âge.
Les agents biologiques peuvent être définis comme une matière contagieuse utilisant des organismes dont les effets pathogènes entraînent la mort, ou une incapacité, lorsqu’ils pénètrent dans le corps humain par le biais du système immunitaire. Ces armes pathogènes sont peu coûteuses, faciles à lancer et à propager, sont très destructrices (populations, économie, écosystème…) mais totalement incontrôlables, elles n'ont donc aucun intérêt stratégique et possèdent un caractère "infâme".
Ceux-ci comprennent généralement les bactéries, les rickettsies, les virus, les champignons et les toxines. Ils peuvent être utilisés contre les humains, les animaux ou les végétaux. Tous les agents biologiques sont pathogènes et peuvent se propager de diverses manières, par les eaux, les sols ou du matériel contaminé ainsi que par air (en milieu clos ou ouvert).
Ces armes ont des critères d’efficacité précis pour pouvoir rentrer dans la catégorie d’armes biologiques de destruction massive, même s’il est impossible pour ces agents de tous les remplir :
Le nombre de sujets infectés, la contagiosité ainsi que la morbidité doit être importants ; ainsi les maladies ayant provoqué des épidémies/pandémies sont étudiées. Aussi, il faut que la propagation soit rapide, comme sa production. L’agent bactériologique doit également difficile à identifier (et ne pas avoir d’antidote) et à vaincre, aussi bien sa résistance dans la nature que contre un antibiotique sur un individu malade. Finalement, il doit être difficile de s’en protéger et de doit peu ou pas comporter de risque de choc-retour (comme la peste contre les généraux japonais durant la guerre sino-japosaise).
Ces armes biologiques sont classées en différentes catégories:
• Les bactéries (ou bacilles): ce sont des micro-organismes unicellulaires constitués d'un cytoplasme et d’une membrane cellulaire mais ne possèdent pas de nucléotides (ce sont des organismes procaryotes). En tant qu’armes possibles, elles sont généralement cultivées dans des milieux artificiels. Cette culture est facile car la réplication des bactéries s'opère par simple division. Beaucoup de bactéries sont pathogènes et, même si la plupart peuvent être contrées par des antibiotiques, il est possible de sélectionner des souches résistantes aux traitements connus. Différentes bactéries sont susceptibles d'être utilisées dans des armes biologiques : La bacille de la maladie du charbon (Bacillus anthracis), Brucella suis (une des bactéries responsable de la Brucellose ou “Fièvre Méditerranéenne”), la bacille de la Peste (Yersinia pestis), celle du Choléra (Vibrio cholerae), celle de la Tularémie (Francisella tularensis) et Salmonella typhi, responsable de la Salmonelle.
• Les virus sont, eux, des micro-organismes non considérés comme vivants qui consistent en une molécule d'acide nucléique entourée d'une coque protéique. Ils sont nettement plus petits que les bactéries et ne peuvent se développer que dans des cellules vivantes (seuls, ils demeurent inoffensifs). Les virus abondent dans la nature et ils peuvent rester longtemps sur un milieu inerte.. Leurs effets peuvent être amplifiés par une mutation naturelle ou par une modification génétique. Les maladies virales ne peuvent pas être traitées par des antibiotiques. Différents agents viraux sont susceptibles d'être utilisés comme armes biologiques : le virus de l'encéphalite équine du Venezuela, le virus d'Ebola, le virus de Hantaan, le virus de la fièvre de la vallée du Rift, le virus de la fièvre jaune, (...)
• Quant aux champignons, ce sont des micro-organismes qui produisent des spores et se
nourrissent de matière organique. Ils ne sont généralement pas nocifs pour les êtres humains ni les animaux, mais peuvent être nuisibles pour les plantes. En général, les maladies fongiques peuvent être traitées par des agents antimicrobiens. Différents agents fongiques sont susceptibles d'être utilisés pour des armes biologiques : Colletotrichum
kahawae, Helminthosporium oryzae,Microcyclus ulei et Puccinia graminis.
• Enfin, les toxines (sortes de protéines) sont des substances toxiques; elles sont des produits ou des dérivés d’êtres vivants tels que des animaux, des plantes ou des micro-organismes tels que des champignons (elles sont appelées mycotoxines) ou des bactéries (biotoxines) et sont crées par leur métabolisme.
Certaines toxines peuvent être produites artificiellement et sont sensibles à la lumière et la chaleur et sont détruites par les sucs gastro-intestinaux (sauf la toxine botulinique). L'empoisonnement par une toxine peut faire l'objet d'un traitement pharmacologique. Différentes toxines sont susceptibles d'être utilisées dans des armes biologiques : aflatoxines, toxines botuliques (Clostridium botulinum), ricine (Ricinus Communis), entérotoxines (produite par la bactérie Staphylococcus aureus) et saxitoxines.
Les agents biologiques ont plusieurs modes d’actions pour propager l’infection :
Le micro-organisme envahit l’organisme : c’est le type de méthode de la bacille de la peste, de la tuberculose, la maladie du charbon…
Le micro-organisme ne poursuit pas sa conquête de l’hôte mais diffuse des toxines depuis son “point d’ancrage”. Ce type d’attaques sont de types toxi-infectieuses.
Sans envahir ou se multiplier dans son hôte, le micro-organisme libère une toxine qui le contaminera indirectement (par exemple les aliments). Ce sont des maladies par intoxication.
Il existe plusieurs groupes d’agents biologiques en fonction de leur dangerosité :
Ceux du groupe 1, qui ne présentent aucun danger pathogène pour l’homme. Ceux du groupe 2 en ont la capacité et peuvent constituer un danger chez les individus affaiblis. En revanche, elles ont un risque de propagation faible et peuvent être contrées par des traitement efficaces.
Les agents biologiques du groupe 3 représentent un danger plus important et provoquent des maladies graves chez l’homme. Même si elles se propagent et contaminent plus facilement en collectivité, il existe tout de même un traitement efficace.
Finalement, le groupe 4 est le plus dangereux : ces agents présentant un danger sérieux qui y sont inscrits provoquent des maladies graves chez l’homme, se propagent très vite et n’ont aucun traitement efficace. Seuls des virus sont répertoriés dans ce groupe.
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